Situation politique
Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg émane d’une coalition formée, suite aux élections d'octobre 2023, par le parti chrétien-social (CSV), dont est issu le Premier ministre Luc Frieden et le partie démocratique (DP).
Une caractéristique importante du système politique luxembourgeois est son attachement au dialogue social. Le rôle des partenaires sociaux est inscrit dans la législation. Ce qu’on a pu appeler le «modèle luxembourgeois» consiste en la recherche d’un consensus institutionnalisé et continu à travers une «tripartite» (gouvernement, patronat et syndicats) pour convenir de questions économiques et sociales importantes. Le dialogue est facilité notamment par la petite taille du pays et la proximité entre décideurs politiques, les représentants des syndicats et du patronat.
Le système de négociation tripartite favorise l’évolution politique et la diversification économique et contribue ainsi à la stabilité économique et sociale du pays.
Actuellement, les institutions suivantes assurent en permanence le dialogue social:
- Le Comité de conjoncture analyse l’évolution de la situation économique et conjoncturelle et émet des rapports mensuels à l’adresse du Conseil de gouvernement, ainsi que des avis sur des mesures destinées à prévenir des licenciements dus à des causes conjoncturelles;
- Le Conseil économique et social, placé sous la tutelle du Premier ministre et financé par le budget du Ministère d'État, est un organe consultatif qui étudie les questions économiques, sociales et financières et conseille le gouvernement en la matière. Institué en 1966, il se compose de représentants des divers secteurs d’activité, employeurs et salariés, ainsi que de différents experts, augmentés depuis la loi du 10 mars 2014 de plusieurs ministères et parties prenantes assurant l’équité et l’intégration sociale;
- Les tripartites sectorielles, formées sur le modèle de la Conférence tripartite sidérurgie (fondée dans le contexte de la crise de la sidérurgie des années 1970), qui réunissent les représentants du patronat, des syndicats et du gouvernement sur une plateforme de dialogue institutionnalisé et permanent;
- Le Comité de coordination tripartite émet des avis et des recommandations préalablement à la prise de mesures jugées nécessaires pour lutter contre le chômage.
Situation économique
Aspects historiques
Avant le 19e siècle, l’économie luxembourgeoise a été essentiellement fondée sur l’agriculture, avec une activité industrielle fortement ancrée dans le monde rural.
Selon l’économiste Gérard Trausch (2012, Les mutations économiques et sociales de la société luxembourgeoise depuis la révolution française, p.179 et, du même auteur, 2009, La société luxembourgeoise depuis le milieu du 19e siècle dans une perspective économique et sociale), le développement de l’industrie luxembourgeoise peut être divisé en trois étapes:
1- La période préindustrielle
L’indépendance politique du Luxembourg en 1839 a favorisé le développement de l’industrie: en effet, le produit des impôts (en moyenne 1,8 millions de florins par an) a pu désormais être investi dans le pays, et d’autre part, l’adhésion du pays au Zollverein allemand – à partir de 1842 et jusqu’en 1918 – lui a ouvert un marché important.
Dans la 1ère moitié du 19e siècle, l’activité industrielle du pays s’est axée sur la production du textile, de la ganterie, de la faïencerie, du papier, de la brasserie et de la manufacture de tabac.
La découverte, autour de 1842, du gisement de minerai de fer au sud du pays a démarré le développement de l’industrie sidérurgique, qui est devenue le secteur industriel majeur à partir de 1876.
Le chemin de fer, apparu en 1859, a permis le remplacement du charbon de bois par la coke, augmentant considérablement la productivité de la production de fonte. D’autre part, le transport ferroviaire a développé l’exportation des produits non seulement de la sidérurgie, mais également d’autres industries établies au Luxembourg.
2- L’époque industrielle
À partir de 1876, des innovations dans la production sidérurgique ont rendu possible la production d’acier à grande échelle. De plus en plus demandés, la fonte et l’acier ont été exportés, d’abord au sein du Zollverein, puis à des partenaires du monde entier après la première guerre mondiale.
Au 20e siècle, et particulièrement à partir des années 1950, la sidérurgie a connu un essor considérable avant d’atteindre son sommet en 1974, avec une production de plus de 6 millions de tonnes d’acier.
D’autre part, l’économie luxembourgeoise s’est aussi diversifiée davantage au cours de la 2ème moitié du 20e siècle. Des entreprises de plus en plus complexes ont émergé, notamment de grandes firmes américaines comme Goodyear (production de pneumatiques), DuPont de Nemours (production de polyester) ou encore Monsanto (production de fil en nylon). En parallèle à cette diversification, le secteur financier s’est développé.
Du point de vue social, il est à noter que des associations d’entraide ouvrière sont apparues dès le milieu du 19e siècle, la première mutuelle datant de 1849. Dans ces sociétés de secours mutuels regroupées par professions, ouvriers et artisans contribuent à un fonds destiné à intervenir notamment en cas de maladie ou de décès. En 1891, la législation reconnaît le rôle des mutuelles, et en 1901 est votée la première loi sur les assurances sociales, rendant obligatoires l’assurance maladie et l’assurance contre les accidents. Dix ans plus tard, en 1911, la loi instaure également un régime obligatoire d’assurance pension. C’est ainsi que le Luxembourg a progressivement mis en place un système solide de protection sociale.
En ce qui concerne le syndicalisme, l’hétérogénéité de la main-d’œuvre dans la sidérurgie, largement constituée d’immigrés, a initialement freiné le démarrage d’un mouvement syndical. C’est seulement vers 1916-1920, à un moment où les conditions de vie se sont fortement dégradées, que sont apparues les premières associations syndicales structurées. Le 10 février 1958, le Luxembourg a ratifié la Convention internationale du travail n°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective.
3- La désindustrialisation, la tertiarisation et la mondialisation
À partir de la fin des années 1960, le Luxembourg a été touché par la crise de la sidérurgie, liée à une surproduction au niveau mondial. La chute de la production a été brutale: de 96% en 1974, le taux d’utilisation des installations productrices d’acier brut est tombé à 55% en 1982.
Le Grand-Duché a néanmoins pu surmonter la crise grâce à l’aide financière des pouvoirs publics, de même que par l’institution d’un Comité de coordination tripartite en 1977. La Conférence tripartite sidérurgie, à caractère sectoriel, a réussi à éviter le chômage massif par de nombreuses mesures (e. a. aides à l’investissement, restructuration financière, aides sociales, …). La désindustrialisation n’a pas été synonyme de disparition de toute industrie au Luxembourg: en fait, elle n’a que «normalisé» une industrie en surrégime.
En parallèle à cette évolution dans le secteur sidérurgique, le Luxembourg a poursuivi le développement du secteur tertiaire (services aux entreprises, services informatiques, transports, communication), et en particulier du secteur financier. L’expansion de ce dernier n’était à l’origine pas motivée par une politique volontariste de la part du Grand-Duché, mais elle a été largement favorisée par des réglementations nouvelles et plus contraignantes instituées dans d’autres pays.
Le secteur bancaire et les services financiers ont dorénavant pris la relève de la sidérurgie en tant que moteurs de l’économie nationale. La place financière luxembourgeoise présente de multiples avantages: la situation géographique et les petites dimensions du pays, un environnement économique favorable, la réactivité par rapport aux évolutions du contexte réglementaire ou législatif international, une structure souple mais efficace de la surveillance du secteur financier, …
L’essor de la tertiarisation de l’économie luxembourgeoise a eu un effet d’entraînement sur d’autres secteurs, notamment au niveau des fournisseurs de services, des autres entreprises, notamment du secteur du commerce et de l’Horeca.
Avec l’internationalisation croissante de son économie, le pays a connu un essor sans précédent. Entre les années 1980 et 2000, la croissance du PIB par habitant a dépassé celle de la plupart des autres pays.
Le marché du travail en expansion a attiré vers le Luxembourg un nombre important de travailleurs immigrés et frontaliers.
À partir de l’année 2000, la croissance économique s’est ralentie, mais la situation économique générale est encore restée relativement favorable. Par contre, la crise de 2008 a engendré une détérioration rapide et importante du marché du travail: le chômage a progressé et les finances publiques ont été révisées à la baisse.
Les caractéristiques économiques distinctives actuelles du Luxembourg
- Une économie petite, mais ouverte: depuis le début de son indépendance politique, le Luxembourg a fait partie de plus grands marchés ou unions économiques (Zollverein, UEBL, ESCS, EEC - voir article d'Eurydice 1.1 Aperçu historique)
- Une économie flexible et hautement spécialisée: la petite taille du pays a permis au Luxembourg d’adapter ses lois et institutions afin de favoriser son développement économique par un haut degré de spécialisation. Les principaux domaines de spécialisation ont été jusqu’à un passé récent la sidérurgie, et actuellement ce sont les services financiers
- Un contexte sensible à des développements externes: en raison du rôle important de l’investissement étranger et de la demande extérieure, le pays est exposé à l’évolution des environnements européens et internationaux, tels que la conjoncture économique globale ou des dispositions législatives ou financières d’autres pays
- Un marché du travail transnational: le marché du travail se compose de ressortissants luxembourgeois, de résidents étrangers et de travailleurs frontaliers (voir article d'Eurydice 1.3 Population: Situation démographique, langues et religions). En raison de l'expansion du secteur tertiaire, les employés étrangers sont fortement représentés aux deux extrêmes des niveaux de qualification: la plupart sont soit faiblement, soit hautement qualifiés. Les ressortissants luxembourgeois prédominent dans l'administration et les services publics
- Un système social performant: au cours du 20e siècle, le Luxembourg a mis en place un système performant de sécurité sociale ainsi qu’une régularisation du marché du travail (salaire social minimum, indexation automatique des salaires).
Situation actuelle et prévisions
Les services financiers (banques, auxiliaires financiers) constituent aujourd’hui le secteur économique le plus important au Luxembourg. L’industrie a progressivement perdu en influence au fil des années. Le secteur tertiaire s’est développé: dans un premier temps le service aux entreprises, ensuite le secteur financier, et dernièrement s’y sont ajoutés les transports et communications, secteurs en progression dynamique et à haut potentiel de croissance. La présence des autres secteurs est restée relativement stable. Quant à l’agriculture, son importance s’est réduite progressivement.
La dégradation de l'environnement économique international a conduit en 2008 à un ralentissement remarquable de l'économie luxembourgeoise. La croissance du PIB s’est même trouvée momentanément négative (en 2012), et le taux de chômage a atteint des niveaux sans précédent au Luxembourg. Mais dans les années suivantes, une relative reprise s’est amorcée.
(Source: STATEC - Note: les données pour 2023 et 2024 sont des estimations, Données disponibles au 15 janvier 2024)
Dans la comparaison internationale, l’économie luxembourgeoise est performante. Le PIB réel par habitant se maintient à un niveau élevé, avec 85 850 € par habitant en 2022. Ce chiffre doit cependant être relativisé, compte tenu du travail des frontaliers, qui ne sont par définition pas inclus dans la statistique des résidents.
Pour assurer plus durablement la compétitivité du pays tout en répondant à des dispositions réglementaires convenues au niveau international, le Luxembourg a initié un certain nombre de mesures législatives et réglementaires.
Compte tenu de la situation conjoncturelle et du contexte de polycrise auquel le pays a été confronté ces dernières années, l’accord de coalition 2023-2028 retient les quatre axes de conduite de politique budgétaire suivantes :
- Le soutien des ménages par des mesures supplémentaires en termes de pouvoir d’achat
- Le maintien des investissements publics à un niveau élevé afin de répondre aux défis actuels et futurs liés à l’évolution démographique et à la double transition durable et digitale
- Des mesures visant à renforcer la compétitivité de l’économie en général et de la place financière en particulière
- La création d’un cadre favorable à une construction de logements mieux adaptée à la demande.
Le projet de budget de l'État pour 2024 est orienté vers l'avenir et prépare le pays aux défis de demain. En 2024, les priorités politiques majeures sont:
- La transition écologique et numérique, tout en favorisant des procédures simplifiées
- Le problème de la pauvreté dans toutes ses dimensions
- Les investissements visant à augmenter l’offre de logements et à maintenir l’activité dans le secteur de la construction
- L’augmentation du pouvoir d’achat des citoyens.
La guerre en Ukraine a entraîné une crise énergétique mondiale altérant ainsi les résultats et prévisions économiques au niveau mondial. La publication du STATEC Conjoncture Flash Février 2024 analyse la situation économique du Luxembourg telle qu'elle apparaît en début d'année.
Effets sur le développement du système éducatif
Des réformes ont été réalisées dans le domaine de l'enseignement, et des mesures ont été prises pour aider les jeunes demandeurs d'emploi. Le niveau de cofinancement public de la formation continue dans les entreprises a également été redéfini, et les dépenses pour bourses ou prêts d'études ont été restructurées.
Le gouvernement continue à tout mettre en œuvre pour permettre aux enfants de développer à tout âge et tout au long de leur parcours leurs compétences humaines, cognitives et technologiques. La politique de l’éducation et de la formation s’articule notamment autour des axes suivantes :
- La modernisation et le développement de l’offre éducative adaptée aux besoins des élèves et aux défis sociétaux
- La diversité sociale et l’accès à l’éducation et à la formation.
Les trois grandes priorités se dégagent du budget 2024 :
- Digitalisation et numérisation
- Aide à l’enfance et à la famille et Office national de l’enfance (ONE)
- Développement de la qualité dans l’éducation non formelle.
Le budget 2024 alloue 15,08% au ministère de l'Éducation, de l'Enfance et de la Jeunesse (à savoir 4 030 156 675 €) et 2.52% au ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur (673 845 730 €).