Le texte suivant a été repris de la brochure Tout savoir sur le Grand-Duché de Luxembourg (Service information et presse du gouvernement, 2012).
Aux origines du Luxembourg
Le nom de Luxembourg (Lucilinburhuc) apparaît pour la première fois vers 963 dans un acte d’échange, par lequel le comte Sigefroi acquiert de l’abbaye Saint-Maximin de Trèves un fortin situé sur un rocher dominant la vallée de l’Alzette, appelé communément le Bock. Ce site fortifié devient le point d’ancrage à partir duquel les comtes de Luxembourg opèrent un rassemblement territorial au cours des XIe , XIIe et XIIIe siècles. À la fin du XIIIe siècle, le comté de Luxembourg occupe un vaste espace s’étendant entre Meuse et Moselle.
De la maison des Luxembourg à la dynastie des Habsbourg
Au début du XIVe siècle, la maison de Luxembourg accède au trône impérial et joue un rôle primordial sur la scène européenne. En 1308, le comte Henri VII est élu roi d’Allemagne par les princes électeurs. Un légat du pape le couronne empereur à Rome en 1312. Son fils, Jean dit l’Aveugle, devient roi de Bohême. Trois autres membres de la dynastie des Luxembourg porteront successivement la couronne royale, voire impériale : Charles IV (1346-1378), Wenceslas (1376-1400) et Sigismond (1410-1437). En 1354, Charles IV élève le comté de Luxembourg au rang de duché. La lignée des Luxembourg s’éteint du côté masculin à la mort de l’empereur Sigismond en 1437. En 1443, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, conquiert la ville de Luxembourg. Le duché de Luxembourg devient alors une province des Pays-Bas. Il va suivre la destinée politique de cet ensemble territorial au cours des quatre siècles suivants. Le duché appartiendra successivement aux Bourguignons (XVe siècle), aux Habsbourg d’Espagne (XVIe et XVIIe siècles) et aux Habsbourg d’Autriche (XVIIIe siècle), avec une courte période de domination française entre 1684 et 1697. Sur l’échiquier européen, le Luxembourg occupe une position stratégique importante. La ville de Luxembourg est progressivement transformée en une forteresse redoutable surnommée « Gibraltar du Nord », que les puissances européennes se disputent. En 1795, les armées révolutionnaires françaises conquièrent la place forte. Le pays est annexé à la France et devient « département des Forêts ».
Vers la création d’un État indépendant
L’effondrement de l’empire de Napoléon en 1815 a également des conséquences sur le statut du Luxembourg. Les grandes puissances européennes réunies au congrès de Vienne la même année décident de créer un grand royaume des Pays-Bas afin de contrecarrer d’éventuelles ambitions de la France. Élevé au rang de grand-duché, le Luxembourg est théoriquement autonome, mais lié par union personnelle à Guillaume Ier d’Orange- Nassau, roi des Pays-Bas, grand-duc de Luxembourg. Parallèlement, l’adhésion à la Confédération germanique entraîne le stationnement d’une garnison prussienne au sein de la forteresse.
Lorsque la Révolution belge éclate en 1830, une partie de la population luxembourgeoise combat aux côtés des insurgés belges, exprimant ainsi son opposition à la politique menée par Guillaume Ier. Les grandes puissances décident alors de séparer Belges et Néerlandais par la création du royaume de Belgique en 1831. Cependant, pour le Luxembourg, une solution tarde à être trouvée. En l’absence d’un accord entre le Parlement belge et Guillaume Ier, la ville- forteresse est placée sous autorité hollandaise, alors que le reste du pays est administré par le gouvernement provisoire belge.
Finalement, le traité de Londres du 19 avril 1839 impose le partage du Grand-Duché de Luxembourg entre les deux pays. Cette date est considérée comme le point de départ de la création d’un État luxembourgeois indépendant. La partie francophone de l’ancien duché est attribuée à la Belgique. Les frontières du Grand-Duché sont ainsi fixées ; elles n’ont plus changé depuis. L’absence d’un lien territorial avec les Pays-Bas oblige désormais le roi grand-duc à accorder au Luxembourg une administration séparée. Une charte constitutionnelle en 1841 et trois constitutions successives en 1848, 1856 et 1868 confèrent une base institutionnelle au jeune État et garantissent les droits et libertés fondamentaux des citoyens. Le régime politique est celui d’une démocratie représentative sous forme d’une monarchie constitutionnelle.
C’est à partir de ce moment-là qu’un sentiment national commence à se former. L’apparition de chants patriotiques et le développement d’une littérature en langue luxembourgeoise en témoignent.
De 1839 à la Première Guerre mondiale
Après le traité de Londres de 1839, le Grand-Duché de Luxembourg reste attaché à l’Allemagne par son appartenance à la Confédération germanique et aux Pays-Bas par le lien dynastique (Orange-Nassau).
Pays agricole à forte émigration, le Luxembourg ne peut vivre en autarcie. Aussi Guillaume II, le fils de Guillaume Ier, fait-il entrer le pays dans une union douanière avec l’Allemagne – le Zollverein – en 1842. À partir de la deuxième moitié du XIX e siècle, le pays connaît une forte croissance économique avec la découverte de gisements miniers et la construction de chemins de fer pour acheminer le charbon. Les besoins en main-d’œuvre entraînent une forte immigration vers la fin du XIXe siècle.
Le traité de Londres de 1867 consolide le statut international du Grand-Duché. Le Luxembourg devient un État perpétuellement neutre et désarmé, sous la garantie des puissances signataires. La garnison prussienne se retire de la forteresse, qui est démantelée.
Ce n’est qu’en 1890, à la mort de Guillaume III, que cesse l’union personnelle entre le Luxembourg et les Pays-Bas : le dernier descendant mâle de la dynastie des Orange-Nassau disparaît et la couronne grand-ducale passe alors à la branche des Nassau-Weilbourg, la seule ligne nassovienne à avoir un descendant masculin. Le Luxembourg est alors doté de sa propre dynastie, le Grand-Duc Adolphe en étant le premier représentant.
Les garanties accordées par le traité de Londres n’empêchent cependant pas l’invasion du Luxembourg par les troupes allemandes en 1914. L’occupation est limitée au domaine militaire. Les autorités luxembourgeoises protestent contre l’invasion allemande, mais observent une stricte neutralité envers les belligérants. La Grande-Duchesse Marie-Adélaïde et le gouvernement restent en place, ce qui aura des conséquences politiques après la Première Guerre mondiale.
L’entre-deux-guerres
Après le départ des troupes allemandes en 1918, des représentants de la gauche reprochent à Marie-Adélaïde d’avoir choisi la voie de l’accommodation avec l’occupant et demandent la déchéance de la dynastie. En janvier 1919, la souveraine abdique en faveur de sa sœur Charlotte.
En septembre 1919, le gouvernement luxembourgeois décide d’organiser un double référendum, qui porte aussi bien sur la forme étatique (monarchie ou république) que sur l’orientation économique du pays après la dénonciation du Zollverein. La population, votant pour la première fois au suffrage universel, plébiscite la monarchie et se prononce pour une union économique avec la France. Cette dernière s’étant désistée, le gouvernement luxembourgeois conclut alors une union économique avec la Belgique en 1921, l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL). Le Luxembourg adopte le franc belge comme monnaie de l’UEBL, tout en conservant le franc luxembourgeois, limité dans son émission.
La dépression économique de l’immédiat après-guerre est suivie d’une période de prospérité. Mais, à partir de 1929, le Luxembourg est touché lui aussi par la crise économique mondiale.
Sur le plan international, le Luxembourg consolide sa position dans les années 1930, en participant activement aux travaux de la Société des Nations à Genève, tout en maintenant sa neutralité.
La Seconde Guerre mondiale
Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent de nouveau le Luxembourg. La Grande-Duchesse Charlotte et le gouvernement luxembourgeois s’exilent et s’engagent du côté des Alliés.
L’occupation allemande signifie la fin de l’indépendance luxembourgeoise. La mise en place d’une administration civile allemande marque la volonté des nazis de détruire les structures de l’État luxembourgeois et de germaniser la population. Un intense effort de propagande essaie de susciter l’adhésion des Luxembourgeois au Reich. À partir de 1942, les jeunes Luxembourgeois sont enrôlés de force dans la Wehrmacht. La majorité de la population fait preuve d’une forte cohésion nationale. Comme dans d’autres territoires occupés, des mouvements de résistance se forment. À cela, l’occupant répond par la terreur et la déportation. Les pertes humaines se chiffrent à 2 % de la population totale du Luxembourg.
Après la libération du pays en 1944 par les troupes alliées, un important effort de modernisation et d’équipement est réalisé dans le cadre du plan Marshall.
L’ouverture sur le monde
La Seconde Guerre mondiale entraîne une réorientation de la politique étrangère du Luxembourg. Suite à son engagement aux côtés des Alliés, le pays abandonne son statut de neutralité et participe à la construction de toutes les institutions de coopération multilatérale de l’après-guerre. Le Grand-Duché est membre fondateur de l’Organisation des Nations unies (ONU), du Benelux, de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE), du pacte de Bruxelles, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Le Luxembourg participe également de manière active à la construction européenne. En 1951, le Luxembourg devient membre de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et, en 1957, de la Communauté économique européenne (CEE). La CECA est à l’origine d’une nouvelle période de croissance et l’adhésion à la CEE marque le point de départ d’une expansion économique. Premier lieu de travail de la CECA, la ville de Luxembourg accueille au fil des années – à côté de Strasbourg et de Bruxelles – d’importantes institutions communautaires.
À l’aube du XXIe siècle
De nos jours, le Luxembourg est bien représenté sur la scène européenne et internationale. État membre de l’Union européenne et membre de la zone euro, il se caractérise par son rôle actif joué en faveur de l’intégration européenne. Son engagement international se reflète notamment sur le plan de l’aide publique au développement, qui atteint presque 1 % du revenu national brut (RNB), ce qui classe le Grand-Duché parmi les cinq pays consacrant plus de 0,7 % du RNB à la coopération au développement.
Le Luxembourg est considéré comme un modèle d’ouverture sur l’extérieur et un microcosme de l’Europe avec sa population constituée de 43,8 % d’étrangers. De par sa petite taille, il a su garder l’image d’un pays serein et 'à échelle humaine'.